La Marne dans la Grande Guerre : le catalogue - page 11

L’assassinat à Sarajevo du neveu et héritier de l’em-
pereur d’Autriche, l’archiduc François-Ferdinand,
par le nationaliste serbe Prinzip, ne provoque qu’une
émotion momentanée. En France, le public s’intéresse
davantage à l’assassinat (16 mars 1914) du directeur
du Figaro par l’épouse d’un homme
politique, Joseph Caillaux; au voyage
en Russie de Raymond Poincaré,
président de la République (1913-
1920) ; ou aux ouvrages à venir de
la belle saison. Or, l’enchaînement
des alliances défensives conclues
durant les décennies précédentes
par les grandes puissances europé-
ennes (Triplice entre l’Allemagne,
l’Autriche- Hongrie et l’Italie dès
1882, Triple Entente entre la France,
le Royaume-Uni et la Russie en 1907)
les entraîne dans le conflit.
Une fois certaine du soutien allemand,
l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie
le 28 juillet 1914, conduisant la Russie, qui soutient
ce pays, à ordonner une mobilisation partielle
le lendemain. La France doit honorer son alliance
avec la Russie. Malgré les efforts des milieux socia-
listes et syndicaux pour sauver la paix (Jean Jaurès
est assassiné le 31 juillet par un nationaliste),
la déclaration de guerre adressée par l’Allemagne
à la Russie le 1
er
 août pousse le gouvernement
français à proclamer la mobilisation générale.
L’entrée des Allemands en Belgique provoque
l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne.
Les 16 régiments tenant garnison dans la Marne
se portent en direction des frontières de l’Est.
Parti de Châteauneuf-sur-Loire, le sous-lieutenant
Maurice Genevoix rejoint le dépôt du 106
e
régiment
d’infanterie à Châlons-sur-Marne. Arrivé le 5 août
1914, il écrit à son frère sur un papier à en-tête
du Café des Oiseaux :
« Mon cher René,
Je suis arrivé à Châlons hier à
6 heures seulement. A la caserne
(caserne Chanzy), un tohu-bohu
indescriptible : c’est à rien n’y
reconnaître. Pour le moment,
je suis au 106
e
régiment de réserve,
au dépôt, comme la plupart de mes
camarades. Nous allons assurer
tous les services – et je t’assure
qu’il y en a – j’y ai coupé au-
jourd’hui, j’en serai assurément
demain. Je suis affecté depuis
ce matin à une compagnie, la 27
e
.
Je commande la 3
e
section. Mon capitaine est
un crétin et j’ai pour cogradé – entre autres non
connus – un gros type qui semble un veau,
mais qui est très gentil.
Figure-toi qu’hier je ne suis parti de Paris qu’à
midi 2. Dès que j’ai eu l’heure du train, je suis
ressorti en vitesse, mais tu étais parti.
Je l’ai regretté je t’assure. J’en ai profité pour aller
dans le quartier du Temple, où j’ai dégoté pièce par
pièce un uniforme de sous-lieutenant. Je n’ai pas
d’armes encore – mais assurément on m’en donnera
– s’il n’y en a pas, je prendrai tout simplement un
fusil et une baïonnette et ça vaudra mieux.
La crise
de juillet 1914
09
la marne dans la grande guerre
l e s
d é c l a r at i o n s
d e g u e r r e
s e s u c c è d e n t
Cadre ci-contre
Jeunes villageois mobilisés.
© Collection privée
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