La Marne dans la Grande Guerre : le catalogue - page 23

Au début de la guerre, la mobilisation économique
n’est pas prévue car les autorités, tant civiles que
militaires, sont persuadées que la guerre doit être
courte. Rapidement, les nécessités économiques
s’imposent. Il faut orienter l’industrie vers la
guerre, pour produire toutes les armes et leurs
munitions nécessaires. Il faut inciter
les industriels à se reconvertir dans
les industries de guerre. Mais il faut
aussi trouver de la main-d’œuvre
à un moment où plusieurs millions
d’hommes sont mobilisés. Les
femmes, des ouvriers retirés du
front, des travailleurs immigrés,
sont mis au travail dans les usines.
La production de champagne
ne cesse pas avec la proximité
du front, le travail aux vignes est
assuré par les femmes, les enfants
et les personnes âgées. Certaines
parcelles sont exposées aux tirs des
canons allemands et des mesures de discrétion
sont imposées aux travailleurs : ne pas porter de
vêtements clairs, la coiffe champenoise (bagnolet)
traditionnellement blanche devient bleu foncé,
le déplacement vers le lieu de travail doit s’effec-
tuer par petits groupes et certaines heures sont
imposées de jour comme de nuit.
Comme le décrit Lucien Thibaut à Verzenay dans
son journal de guerre, le travail dans les vignes
n’est pas sans risque, les vignes sont exposées
face au front et les bombardements sont fréquents.
Des civils sont régulièrement blessés et le 18 no-
vembre 1915, deux travailleurs sont tués dans les
vignes. Malgré les conditions très
encadrées et le dénuement des
exploitants, la récolte 1914 est
de très bonne qualité :
« 5 octobre – On manque encore
de farine, comment va-t-on faire
pour les vendanges ? Il faut net-
toyer partout, il y a des chevaux
sur les pressoirs. Les paniers
mannequins ont été descendus
aux tranchées pour servir de
gabions. Il n’y a plus rien.
6 octobre – On commence les
vendanges qui sont assez belles :
on n’épluche pas et on s’arrange
pour presser le jour. Le vin des propriétaires est mis
en communauté, il le faut, il y a trop de femmes
seules. »
[Verzenay pendant la guerre 1914-1918,
renseignements journaliers, Lucien Thibaut.
Archives mairie de Verzenay]
La mobilisation
économique
21
la marne dans la grande guerre
I l fa u t
o r i e n t e r
l ’ i n d u s t r i e
v e r s
l a g u e r r e
Cadre ci-contre
Il faut produire !
Publicité de propagande patriotique.
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