La Marne dans la Grande Guerre : le catalogue - page 27

Chaque camp est persuadé d’avoir été attaqué
par l’autre et développe la conviction d’avoir
à se défendre. Dans cette atmosphère, la presse,
alors très puissante, développe diverses attitudes.
Au début de la guerre, le « mensonge patriotique »,
plus généralement nommé « bourrage de crânes »
s’impose de part et d’autre.
Les nouvelles les plus fantaisistes
fleurissent. Par la suite, cette
tendance s’atténue sans toutefois
disparaître. A l’arrière, une vraie
rivalité culturelle oppose les deux
adversaires, chacun prétendant
que l’autre est un barbare. Les
exactions allemandes en Belgique
et en France en août 1914 parti-
cipent largement à cette ambiance.
Certains intellectuels dénient tout
caractère civilisé aux Allemands,
tandis que de l’autre côté du Rhin,
la démarche est identique.
Les programmes scolaires sont adaptés pour
que la guerre soit au cœur des préoccupations
des écoliers. Les récitations se font patriotiques
et les problèmes mathématiques portent sur
des calculs d’obus. Pourtant, cette mobilisation
des esprits doit être envisagée avec circonspection.
D'une part, ces manifestations publiques sont
difficiles à suivre dans leurs réceptions intimes
(il n’est pas certain que les ruraux, par exemple,
y aient été très sensibles).
D’autre part, elles induisent une vraie coupure
avec les combattants du front qui ne se reconnais-
sent pas forcément dans les descriptions outrées
que donne de leur monde cette mobilisation
des esprits.
La situation particulière de Reims
n’échappe pas à la médiatisation
patriotique : Le mythe de la ville
martyre débute avec l’incendie
de la cathédrale du 19 septembre
1914, provoquant une forte émotion
se diffusant bien au-delà des fron-
tières. La présence des civils
sous la menace permanente des
obus est héroïsée (organisation
d’une vie souterraine, maintien
du service public, victimes sans
défense).
La mobilisation
des esprits
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la marne dans la grande guerre
C h a c u n
p r é t e n d a n t
q u e l ’ a u t r e
e s t u n
b a r b a r e
Cadre ci-contre
Forain / La Perquisition.
“Vous voyez bien que nous sommes déjà venus”
Jean-Louis Forain / De la Marne au Rhin.
Dessins des années de guerre 1914-1919
Paris, Pierre Lafitte 1920, , t. i.
© Archives départementales de la Marne [CH 1624]
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