La Marne dans la Grande Guerre : le catalogue - page 31

L’arrière du front est une zone essentielle, de plus
en plus étudiée après avoir été longuement négligée.
Zone de transition avec l’arrière, qui n’est pas
touché directement par la guerre, elle en constitue
le « portail d’entrée ». C’est l’arrière du front qui
rassemble les hommes et denrées de toutes sortes
qui montent au combat. Les renforts
qui viennent remplacer les pertes,
les matériels de toute sorte,
les munitions, les vêtements et
la nourriture s’acheminent ainsi
vers les tranchées et sont rassem-
blés sur l’arrière du front. À ce
titre, il constitue un gigantesque
dépôt de denrées de tous genres.
L’arrière du front voit également
évacuer ceux qui, meurtris dans
leur chair, redescendent des tran-
chées. Les hôpitaux d’évacuation
dirigent les blessés vers les centres
médicaux de l’arrière. Les villes
du sud de la Marne deviennent
villes-hôpital. Vitry-le-François
fait l’objet d’une activité sanitaire
assez dense ; les blessés sont
également traités à Sézanne,
Epernay et Châlons-sur-Marne.
Vitry-le-François devient un important centre
sanitaire avec plus de 2000 lits et les volontaires
affluent, dont la Baronne de Baye. Elle met tout
en œuvre pour améliorer les infrastructures
d’accueil des blessés. Parmi le personnel sanitaire,
une infirmière marnaise de 44 ans originaire de
Thiéblemont Farémont, Jeanne
July, accomplit ses fonctions avec
un véritable dévouement, apaisant
la souffrance physique et morale
des blessés de toutes nationalités.
Les lettres de reconnaissance
écrites par ces derniers sont
autant de témoignages forts
et émouvants.
Un blessé allemand prisonnier :
« Madame,
Voilà enfin que j’ai le bonheur
de vous écrire, parce que j’ai reçu
votre précieuse adresse, transmise
par « Weingarten » depuis Orléans.
Je me réjouis de pouvoir vous
exprimer ma reconnaissance une
fois encore, vous qui m’avez prodi-
gué tant de soins au prix d’une
dépense de travail épuisante !
Je dois, de plus, vous informer que j’ai subi le 10 mai
une 2
e
opération. Les intestins ont été suturés. Désor-
mais, je vais très bien et bientôt je pourrai quitter
le lit. Encore une fois, veuillez accepter mes très
profonds remerciements.
Avec mes plus déférentes salutations. »
L'arrière
du front
29
la marne dans la grande guerre
C ’ e s t
l ’ a r r i è r e
d u f r o n t
q u i r a s s e m b l e
l e s h o mm e s
e t d e n r é e s
d e t o u t e s
s o r t e s
Cadre ci-contre
Forain / Loin du front.
“Comme c'est long ! nous n'avançons pas”
Jean-Louis Forain / De la Marne au Rhin.
Dessins des années de guerre 1914-1919
Paris, Pierre Lafitte 1920, , t. i.
© Archives départementales de la Marne [CH 1624]
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