La Marne dans la Grande Guerre : le catalogue - page 32

Jeanne July avertit la
famille lorsqu’un décès survient :
« Agen, le 29 juin 1915
Chère Madame,
Je m’empresse de répondre à votre aimable
lettre qui m’arrive à l’instant seulement et ne
puis donc vous conseiller au sujet du cercueil
de mon cher mari, puisque le transfert est
maintenant chose accomplie.
Je vous remercie infiniment d’avoir bien voulu me
rendre si obligeamment service une fois de plus,
et je vous en suis infiniment reconnaissante.
Par le même courrier, je sais aussi, par la mairie
de Vitry, que la tombe sera surmontée d’une croix
avec plaque de métal portant le nom de mon mari.
Je viens de passer de tristes journées, très occupée
que j’étais à ce sujet. On vient de m’apprendre que,
pour le transfert en chemin de fer, je serai obligée
de faire faire un autre cercueil ; de cette façon, il n’y
aura rien à craindre si, après un séjour peut-être
très prolongé, il y a un peu de détérioration.
Veuillez, Chère Madame, m’excuser d’avoir ainsi
abusé de vos courts moments de liberté, absorbée
comme vous devez l’être par vos dévouées fonctions
et recevoir l’expression de mes meilleurs sentiments »
[Association pour la Sauvegarde
du Patrimoine du Pays vitryat]
Corrélativement se développent les cimetières qui
regroupent les corps des combattants décédés des
suites de leurs blessures et ceux des tués qui ont
pu être redescendus des tranchées où s’expriment
des rites d’hommage.
Châlons-sur-
Marne est la ville
centrale du front de
Champagne, la section
de camouflage créée en février 1915 s’installe
dans le cirque d’hiver et le général Gouraud,
commandant la iv
e
Armée, y établit son
quartier général en 1918.
L’arrière du front, c’est aussi la zone de contact
entre les soldats et les civils qui se côtoient
et cohabitent dans des villages où tout s’achète
et se vend. La proximité du front impose une
réglementation stricte aux civils (les déplacements
nécessitent souvent un sauf-conduit, le couvre-feu
est appliqué localement…) Toute attitude contre-
venante devient suspecte et la chasse aux espions
est permanente. Dans chaque village où la troupe
cantonne, les civils commercent avec les soldats.
Les civils du nord de la Marne ont été contraints
d’évacuer vers d’autres départements (à Paris,
une communauté rémoise s’est formée et réalise
ses propres journaux : Le Petit rémois et le Bulletin
des réfugiés de la Marne).
Certains Marnais ne peuvent échapper à l’avance
allemande de 1914 et sont déportés dans les Arden-
nes ou en Allemagne. Leur quotidien est asservi
et ils sont soumis à d’importantes privations.
La rigueur allemande leur est imposée avec
une extrême dureté.
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la marne dans la grande guerre
Brassard d'infirmier
militaire.
© Collection privée
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