La Marne dans la Grande Guerre : le catalogue - page 52

De retour des États-Unis après avoir dis-
pensé un certain nombre de conférences,
le lieutenant L’Huillier est affecté par le
projet d’intégration du village de Somme-
Py dans un futur campmilitaire (de Suippes),
risquant ainsi de couper court à tout espoir
de reconstruction : « Tout joyeux, j’annonce
à mon interlocuteur que mon village natal,
Somme-Py, a été adopté par divers Comi-
tés Américains désireux de venir en aide
par des dons en nature et en espèces.
Quelle ne fut pas ma stupéfaction d’apprendre
que Somme-Py est inclus dans une « zone rouge »
et ne sera donc pas reconstruit !… On me con-
seille de me rendre au 4
e
Bureau de l’état-major
de l’Armée où l’on me montre des cartes sur les-
quelles figurent en rouge les zones de Champagne
et de Verdun qui seront expropriées. On créerait
en Champagne un vaste camp. Littéralement
bouleversé, je me rends au Ministère des Régions
Libérées et demande audience au Ministre.
Je suis reçu par son Chef de Cabinet. Je lui fais
part de l’existence du « Somme-Py Fund »,
Comité créé avec l’accord de Monsieur Jusserand,
notre ambassadeur à Washington… Comment
le Gouvernement français, informé de l’existence
du « Somme-Py Fund » pouvait-il accepter qu’un
village, délivré par des troupes franco-américaines
fin 1918, adopté par des âmes charitables des
États-Unis, ne soit pas reconstruit !
Très impressionné par mes arguments valables,
le Chef de Cabinet m’assura qu’il allait faire
le nécessaire pour que mon village natal ne soit
pas englobé dans la « zone rouge ».
Il me conseilla de faire signer une pétition par
les cultivateurs désireux de rentrer dans leur
village en ruines. »
Aussitôt le lieutenant L’Huillier contacte
le Maire de Somme-Py, Monsieur
Edmond Thiebault, réfugié à Nevers
et les anciens habitants quand leur
adresse d’exil est connue. Le Préfet
de la Marne soutient cette action de
réoccupation du territoire et il est décidé
d’abandonner le projet : « Grâce au
« Somme-Py Fund » mon cher village
natal allait renaître de ses cendres.
Le Comité français pouvait se dépenser
sans compter pour venir en aide aux
premières familles qui ne tarderont pas
à rentrer. La lutte avait été sévère. »
Le 1
er 
mai 1919, la famille Promsy est la pre-
mière à revenir dans le village sous les gibou-
lées de neige. Jeanne Promsy, alors enfant
à l’époque, se souvient des gouttes d’eau
passant entre les planches mal ajustées du bara-
quement. Le paysage était sinistre.
[Association du Souvenir
de Sommepy-Tahure]
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la marne dans la grande guerre
Fer à souder artisanal réalisé
à partir d'une baïonnette.
© Collection privée
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