La Marne dans la Grande Guerre : le catalogue - page 55

La question se pose dès les débuts du conflit,
les importantes pertes humaines exigeant
une gestion rapide des corps des tués. Elle est
cruciale dans notre territoire. La Marne est,
en effet, le département où sont inhumés le plus
grand nombre de soldats français tués entre 1914
et 1918. Dès lors, les autorités sont
confrontées à deux problèmes,
d’une part l’inhumation des corps
(lieux et conditions) et, d’autre part,
leur identification. Sur le front et
à défaut d’être rapatriés, les corps
sont traités sommairement par
les combattants (amis ou ennemis),
exposant ainsi ces fragiles sépul-
tures aux risques du champ
de bataille. A l’arrière immédiat,
des lieux appropriés et entretenus
permettent un enregistrement des
morts, mais cette organisation pour
diverses raisons ne garantit pas
toujours la complexe identification
civile des victimes.
Les acteurs du culte
Il peut s’agir de l’État. Dès décembre 1915, le gou-
vernement français décide d’en assumer la charge.
Les modalités exactes sont fixées en 1920. La puis-
sance publique aménagera les espaces funéraires
pour les combattants non réclamés et en assumera
l’entretien. De vastes nécropoles nationales sont
édifiées (Sillery, Souain, la Gruerie…), même si on
peut trouver aussi des tombes militaires dans les ci-
metières de village. Ce rôle peut aussi être tenu par
une institution spécifique. La Grande-Bretagne
1
et
l’Allemagne
2
disposent ainsi de leurs propres cime-
tières, avec un aspect et des symboles particuliers
(épée de Saint-Georges pour les Britanniques,
parfois une stèle horizontale pour les Allemands).
Dès 1919, l’idée de célébrer un soldat inconnu
américain est désapprouvée et
le Chef d’état-major de l’Armée
américaine affiche clairement sa
volonté d’identifier tous les corps
des militaires tombés en France.
Mais plus de 1 200 corps ne sont
pas identifiés et le Congrès com-
prend alors la nécessité d’édifier
un tombeau unique symbolisant
l’hommage rendu à tous les ano-
nymes morts au combat.
Il est décidé de prélever 4 corps
(non identifiés) provenant de 4
cimetières américains (Belleau,
Bony, Romagne, Thiaucourt).
Pour des raisons de commodité,
Châlons-sur-Marne est choisie
pour le regroupement des cercueils
et le choix de celui qui devra rejoindre le cimetière
national d’Arlington pour le 11 novembre 1921.
Le lundi 24 octobre 1921 au matin, un profond silen-
ce englobe la ville. Les cercueils ont été installés
la veille dans le hall de la mairie transformé en
chapelle ardente. Il revient à un jeune sous-officier,
le sergent Edward F. Younger, vétéran du conflit,
d’accomplir le geste très solennel de choisir celui
qui sera immortalisé dans la tombe du Soldat
Inconnu d’Arlington.
Honorer les
soldats tombés
à la guerre
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la marne dans la grande guerre
l a M a r n e ,
l e d é pa r t e m e n t
o ù s o n t i n h u m é s
l e p l u s g r a n d
n o m b r e d e
s o l d at s f r a n -
ç a i s
Cadre ci-contre
Forain / La philosophie du front.
Jean-Louis Forain / De la Marne au Rhin.
Dessins des années de guerre 1914-1919
Paris, Pierre Lafitte 1920, t. i.
© Archives départementales de la Marne [CH 1624]
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