La Marne dans la Grande Guerre : le catalogue - page 63

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Mgr Tissier et la Chapelle
de la Reconnaissance à Dormans
« nous ne serions pas les pèlerins
qu’appellent et qu’attendent ici
nos chers morts, si nous nous
contentions d’un platonique
hommage rendu… si nous nous
en allions d’ici, oublieux et divisés
comme hier… si nous n’étions pas
disposés à marcher d’un même
élan sur leurs pas… »
Discours de Mgr Tissier, 1931.
Depuis la nuit des temps, les com-
battants morts pour leur clan, pour
leur tribu, ou pour leur pays disparaissaient, rapi-
dement oubliés. Ce fut le cas encore de tous ceux
qui succombèrent lors des guerres du xix
e
 siècle
sur le continent européen. Au mieux quelques
officiers réussirent-ils à être épargnés par cette
pratique aveugle lorsque leur famille pouvait
rapatrier le corps ou élever une sépulture.
Les premiers assauts de cette nouvelle guerre,
très meurtriers, suscitèrent cependant une vision
différente de la société : il n’était plus admissible
alors de faire disparaître à jamais les corps meurtris,
et l’érection de cimetières militaires sur les lieux
mêmes des affrontements devint une obligation
morale. Ainsi, en parcourant le département
de la Marne voit-on flotter le drapeau français sur
d’immenses étendues couvertes de croix, d’étoiles
ou de pierres blanches symbolisant ces hommes
en uniforme tombés en ces lieux pour la défense
de notre pays.
Mais, n’oublions pas non plus
ces autres cimetières, anglais,
italiens, américains ou russes,
et allemands bien sûr qui nous
rappellent que cette guerre fut
bel et bien une guerre mondiale.
N’oublions pas encore ces mo-
numents aux morts érigés dans
toutes les villes et tous les villa-
ges de France pour témoigner,
pour toutes les générations qui
ont grandi depuis, du sacrifice
de nos aïeux.
Or, justement, parce que toutes
les familles de France ont été
concernées plus ou moins directement par la mort,
la terrible blessure, la meurtrissure ou le trauma-
tisme d’un ou plusieurs de leurs membres, la visite
des sites et des cimetières, plus qu’une évocation
d’une réalité tangible, celle de la guerre faucheuse
de vie, devient un moyen de recueillement imper-
sonnel, voire anonyme, dans ce rapport singulier
que chacun entretient avec cet héritage.
Tel est sans doute aussi le sens qu’il nous faut
retenir des chapelles qui jalonnent nos terrains
de bataille.
Mgr Joseph-Marie Tissier
(1857-1948)
fut archevêque-évêque de Châlons-sur-Marne
de 1920 à 1931.
En 1922
fut érigée la Chapelle
de la Reconnaissance à Dormans.
La Marne
est le département qui accueille
le plus grand nombre de sépultures.
e n t r e t e n i r
l e
d e u i l
Monseigneur Tissier
© BMVR de Châlons-en-Champagne
[EST A IV TIS 5838-5840]
1...,53,54,55,56,57,58,59,60,61,62 64,65,66,67,68,69,70,71,72
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