La Marne dans la Grande Guerre : le catalogue - page 7

En 1914, l’Europe occupe une position prééminente
dans le monde. Politiquement, cette domination se
traduit non seulement par les empires coloniaux
que les États européens se sont taillés en Afrique,
en Asie et en Océanie mais aussi par les zones
d’influence qu’ils se sont partagées en Chine
et au Moyen-Orient.
Économiquement, l’Europe,
berceau de l’industrialisation
moderne, concentre toujours en
1914 l’essentiel de la production
industrielle et minière mondiale.
L’Allemagne (dont la croissance
spectaculaire inquiète ses voisins)
a supplanté la Grande-Bretagne,
ancien « atelier du monde ».
Elle dépasse très nettement la
France (malgré la compétitivité
de certains secteurs manufactu-
riers) mais elle a perdu le premier
rang au profit des États-Unis.
La prospérité commerciale et financière
de l’Europe n’en reste pas moins éclatante.
Les monnaies européennes, basées sur l’or,
sont fortes. Les banques et bourses euro-
péennes concentrent l’essentiel des capitaux :
c’est la « Belle Époque ».
Non loin de Reims, à Warmeriville les filatures
Harmel se développent avec la création d’une
cité industrielle lainière hors du commun appelée
cité du Val des Bois. Cette fabrique est réputée
pour la production de flanelle et en devient une
spécialité locale. En 1914, cette filature industrielle
emploie 500 ouvriers et fait vivre
1 000 personnes. Son dirigeant,
Léon Harmel, très soucieux de la
condition ouvrière, est convaincu
du bien-fondé du catholicisme
social dont la portée va bien
au-delà du paternalisme de
la fin du xix
e
 siècle. Il fonde
les premiers conseils d’usine,
qui deviendront bien plus tard
les comités d’entreprise. Il écrit
dans le Manuel d’une Corporation
chrétienne : « Beaucoup ont parlé
de la réforme des lois, et ils n’ont
pas vu d’autre remède aux maux
qui nous accablent. Mais sans
doute par un secret dessein de la justice divine,
l’origine et la source des lois ont été placées entre
les mains de ces ouvriers que le libéralisme s’est
acharné à dépouiller de tous les biens. En sorte
que le suffrage universel met notre patrie dans
cette alternative : ou nous ferons pénétrer dans
les masses ouvrières l’esprit chrétien, le seul
qui conserve et qui sauve, ou notre société
s’effondrera dans les abîmes. »
[Léon Harmel et l'usine chrétienne
du Val des Bois : 1840-1914, fécondité
d’une expérience sociale
Pierre Trimouille, 1974]
L’Europe
en 1914
05
la marne dans la grande guerre
l ’ E u r o p e
o c c u p e u n e
p o s i t i o n
p r é é m i n e n t e
d a n s
l e m o n d e
Cadre ci-contre
Berger à Courcelles.
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