La Marne dans la Grande Guerre : le catalogue - page 8

Lucienne Flament, née en 1917, a travaillé com-
me manœuvre à la filature Buirette-Gaulard
à Suippes dès l’âge de 13 ans (6 jours sur 7
et 60 heures par semaine). Voici son quotidien
à l’usine, évocateur de la condition ouvrière de
la première moitié du xx
e
 siècle : « La journée
commence de bonne heure, levée à 5h30, un bol
de café et un peu de pain, un peu d’eau pour
une toilette et déjà la sirène retentit pour le réveil
des ouvriers à 5h40. 5h55, seconde sonnerie et
pointage avant 6h (des générations de suippas ont
eu leur vie réglée au rythme de la sirène de la fila-
ture). Je lavais la laine et il fallait garder le suif
pour les produits de beauté. Ensuite, j’ai travaillé
au moulinage. Arrêt déjeuner de 8h15 à 8h30 et
reprise du travail sans interruption jusqu’à 14h.
De retour à la maison, la journée n’était pas finie,
je devais faire la lessive à la rivière et les multiples
tâches d’intérieur (cuisine, entretien, coudre,
tricoter…) »
La vie de Lucienne fut simple et laborieuse,
comme bon nombre d’enfants de cette époque.
[Archives Lucienne Flament,
association les Amis du Vieux
Suippes]
Les sociétés européennes sont encore majo-
ritairement rurales et le nationalisme d’État
est à son apogée. Le xix
e
 siècle est celui
de l’affirmation des nationalités. Des peuples
unis par la langue, la culture, l’histoire ou
le sang aspirent à s’unir dans le cadre d’un
État. Ainsi se multiplient les États-Nations avec
l’apparition de l’Italie et de l’Allemagne.
Cependant, d’autres peuples restent sous le joug
d’Empires multinationaux. Celui d’Autriche-
Hongrie domine des Tchèques, des Polonais,
des Croates, des Slovaques, des Italiens et des
Slovènes. Celui de Russie comprend en Europe
les Finnois, les peuples baltes et Polonais.
Même dans le cas d’États-Nations constitués,
la tâche n’est pas totalement achevée. L’Italie
réclame l’Istrie et le Trentin. La France n’a pas
oublié les « provinces perdues » d’Alsace-Lorraine.
C’est l’ensemble de ces aspirations nationales
inassouvies qui suscitent, avec les rivalités colo-
niales, les crises internationales. Elles se succèdent
à un rythme qui va en s’accélérant : Maroc en 1905,
Maroc de nouveau en 1911, Balkans pour deux
guerres successives en 1912 et 1913. Ainsi se crée
le mécanisme qui devait mener à la crise de juillet.
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la marne dans la grande guerre
Navette de métier à tisser.
© Collection privée
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