L’arrière-front, situé à quelques
kilomètres en arrière de la ligne
de feu, rassemble toutes les troupes
qui alimentent la bataille : soldats de
l’artillerie lourde, unités du Génie et
de soutien, chargées de tous les ap-
provisionnements (armes, munitions,
nourriture, vêtements, matériaux
de fortification), ainsi que les états-
majors, chargés de diriger la bataille.
L’année 1915 se caractérise par une série
d’offensives de plus en plus fortes et les résul-
tats n’atteindront pas la hauteur des moyens
déployés. En juillet, les Allemands effectuent
une poussée difficile dans la forêt argonnaise
et à l’automne, les Français réalisent une pro-
gression limitée en Champagne.
Dans le cadre des accords passés avec la Russie
et après un long périple, deux brigades russes
arrivent en Champagne en juin et août 1916. Elles
prennent tour à tour position entre Suippes et Reims
(ferme de l’Espérance, fort de la Pompelle, massif
de Saint-Thierry). Au printemps 1917, la bataille des
Monts de Champagne accompagne celle du Chemin
des Dames, les Russes reprennent le village de
Courcy. Ils sont ensuite retirés du front en raison
de troubles émanant de la révolution naissante
en Russie. De la présence russe en Champagne,
les civils situés en zone arrière du front gardent
un souvenir bien singulier : l’ours Michka mascotte
du 5
e
régiment spécial (3
e
brigade). Michka a partagé
toutes les souffrances du 5
e
régiment sur le front
de Champagne, notamment dans les combats de
tranchées où il échappa à une forte attaque au gaz
en enfouissant son museau
dans la neige. Il mettait aussi
de l’ambiance au camp car c’était
un ourson espiègle et joueur qui
deviendra rapidement le plus
célèbre représentant de l’Empire
russe en France. Il avait comme
marraine de guerre la célèbre
Mistinguett, chanteuse populaire
de l'époque. Lors de la mutinerie
de la Courtine, Michka prit le parti
des soldats et officiers russes demeurés
fidèles à leur engagement de poursuivre
le combat. C’est ainsi que, devant les soldats
loyalistes il déchira à belles dents le drapeau
rouge qu’ils lui avaient donné. Les soldats
mutins n’hésitèrent pas à le martyriser et
à le brûler, sous le prétexte qu’il avait été acheté
par des officiers. Lorsque le Corps expéditionnaire
russe fut dissous, le fidèle Michka accompagna
en 1918 la « Légion russe pour l’Honneur » dans
ses combats héroïques. À titre exceptionnel,
l’ours sera porté sur les effectifs des rationnaires,
cas certainement unique dans l’armée française.
Après la victoire, Michka fut mis en cage au Jardin
d’Acclimatation. Sur le devant de son enclos on
voyait une plaque gravée indiquant qui était cet ours.
Accrochés à la plaque, se trouvaient un ruban bleu,
blanc, rouge et une croix de guerre. Michka y
termina tristement sa vie en 1933, loin des forêts
de Russie.
[Association du Souvenir
du Corps Expéditionnaire Russe
en France]
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la marne dans la grande guerre
Masque à gaz allemand,
modèle 1917.
© Collection privée
