La Marne dans la Grande Guerre : le catalogue - page 43

La contre-offensive générale des Alliés s’effectue
d’abord en Picardie et ce n’est que le 26 septembre
1918 que la iv
e
armée du général Henri Gouraud
passe à l’offensive. Au début du mois d’octobre,
les Allemands sont repoussés sur la vallée de
la Suippe. Les Américains combattent sur la Vesle
à Fismes, au Blanc-Mont et en
Argonne. La v
e
armée du général
Guillaumat passe à l’action à l’Ouest
de Reims, reconquiert le massif
de Saint-Thierry. Les forts de
Brimont, Berru, Nogent-l’Abbesse,
qui tenaient Reims sous leurs canons
depuis 1914 sont repris après la
retraite des Allemands le 5 octobre.
À cette date, l’ensemble du départe-
ment de la Marne est dégagé, mais
les troupes coloniales entament
de durs combats à Bazancourt et les Américains
éprouvent des difficultés à progresser dans la forêt
argonnaise, notamment à Binarville où un bataillon
est encerclé durant une semaine.
Les Marnais, dont les villages proches du front
sont occupés par les troupes allemandes, sont
réquisitionnés comme travailleurs dans les
Ardennes ou en Belgique. Au bout de 4 longues
années d’asservissement, ils sont épuisés et
amoindris, mais la remontée des troupes alleman-
des vers le nord et le bruit grandissant du canon
font renaître un vif espoir. La jeune adolescente
Andrée Rivet, alors à Faissault dans les Ardennes
avec sa mère et ses cousins, en oublie le danger :
« Faissault est le premier pays où les Boches ont
laissé les civils… Comme avertissement que le pays
est encore occupé, les Boches ont simplement mis à
20 m du pays un écriteau « Attention il y a encore
des civils au pays ! ». Comme si les avions et
les canons pouvaient voir une planche de 1 m
de longueur sur 30 cm de large… »
Le 7 novembre 1918 au matin un
bombardement secoue le village,
Andrée et sa famille se réfugient
dans la cave, mais la curiosité
l’emporte et ils regardent passer
les soldats allemands en désordre :
« Des Boches passent l’air égaré,
regardant de tous les côtés ; nous
leur demandons « Les Français
sont-ils encore loin ? »
Ils ont haussé les épaules et ne nous ont pas
répondu. Cela nous a fait bien plaisir, car pour
ne pas répondre ils savent que les Français ne sont
pas loin. En effet, peut-être 10 minutes après, nous
apercevons au bout de la rue des soldats. Tout
de suite nous nous demandons : Qu’est-ce que c’est ?
Ils n’ont pas l’air des Boches, si seulement c’était
nos soldats… Aussi, nous ne nous sommes plus
occupés des coups de fusils. Nous sommes allés
au-devant d’eux et nous les avons embrassés
d’un bon cœur. Qu’ils sont contents aussi, leurs
larmes se mêlent à leur sueur. Enfin nous sommes
libérés, c’est le 7 novembre 1918 vers 10 heures
du matin. »
[Archives famille Beuchet]
Le dégagement
du département
et l'armistice
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la marne dans la grande guerre
l a g u e r r e
s ' a c h è v e
e n f i n
Cadre ci-contre
Forain / Le repli boche.
“Ils brûlent tout !… c'est qu'ils s'en vont”
Jean-Louis Forain / De la Marne au Rhin.
Dessins des années de guerre 1914-1919
Paris, Pierre Lafitte 1920, , t. i.
© Archives départementales de la Marne [CH 1624]
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