60 ans d'ambition pour l'avenir

Cinq années de petites ou de grandes décisions, cinq années pour faire vivre au quotidien le million d’élèves qui, sans en être forcément conscients sur le champ, attendent tant de nous. Et ce dont on se souvient dix ans après, c’est de l’accessoire du moment, du symbolique qui marquent les esprits, suscitent des enthousiasmes ou des vocations sans que le recteur n’en entende l’écho. C’est peut-être, au premier niveau de tous mes souvenirs, l’extraordinaire mobilisation de cinq mille collégiens venant en autocars de toute l’académie et remplissant le Palais des Congrès de Paris : certains voyaient la capitale pour la première fois, d’autres plus nombreux allaient au théâtre pour la première fois. Pourquoi est-ce ce souvenir qui me revient le plus fort ? C’est peut- être parce que, suivant la tradition française, un recteur reste un pédagogue avant d’être un administrateur et qu’en tout pédagogue, sommeille un Pygmalion. Jean-Louis Boursin 1976 - 1980 Rolande Gadille 1980 - 1981 J’ai été très sensible aux fastes associés du vignoble et du sacre, l’un et l’autre phénomènes d’exception... Ils ont tiré la Champagne de la discrète provincialité qui eût été son lot, en l’absence de ces deux gageures que sont le Sacre et le Vignoble. Gageure d’une institution, le Sacre, exceptionnellement enracinée hors de I’Île de France, et donnant naissance à d’exceptionnelles réalisations architecturales, et sculpturales. Gageure d’un vignoble, dont la réussite se fonde sur des privilèges écologiques marginaux et rarissimes, et sur une valorisation du produit viticole par le biais de techniques nées de l’esprit créatif des champenois. Merveilleuse Champagne ! La bourguignonne que je suis l’a profondément ressentie. Dans un tout autre domaine, j’ai attaché la plus grande importance à la mise en place initiale, sous l’impulsion du grand ministre que fut Christian Beullac, de l’alternance enseignement et entreprise. À cette époque, la mise en œuvre se heurtait à la vive hostilité des syndicats d’enseignants concernés. De plus, le tissu d’entreprises champenois manquait quelque peu de densité. Il n’empêche que les premiers jalons furent posés. J’ai vivement regretté de ne pouvoir suivre plus avant l’expérience, car il m’a toujours semblé fondamental de mettre le monde de l’École en étroit contact avec celui de l’Entreprise. 57

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