60 ans d'ambition pour l'avenir

Efficacité . « Toutes les enquêtes internationales, toutes, convergent pour souligner la faiblesse de nos résultats. Cela pose bien évidemment la question de la formation des enseignants. Il faut peut-être aussi oser dire qu’il y a des bonnes pratiques dans l’art d’enseigner. Que toutes les pratiques pédagogiques ne se valent pas. En matière d’enseignement, une bonne pratique a trois grandes caractéristiques. Tout d’abord, elle est efficace. Elle fait mieux apprendre que d’autres pratiques. Nous commençons aujourd’hui à avoir dans certains domaines (apprentissage de la lecture, mathématiques...) des points d’appui sérieux pour étayer certaines modalités d’enseignement. Seconde caractéristique, elle est juste. Est juste une pratique qui réduit ou à défaut maintient l’écart entre les élèves en réussite et ceux en difficulté. Elles ne sauraient en tout cas accroître l’écart. Elle est enfin une pratique éminemment socialisable, partageable. Ce n’est pas une pratique aristocratique, nul besoin d’être un génie de la pédagogie pour la mettre en oeuvre. » Hospitalité . « Nous ne saurions réduire l’hospitalité à la question de l’accueil, l’hospitalité est plus fondamentalement la place fait à autrui. L’école doit devenir un lieu d’étude et... de vie. Au niveau de la classe, il faut insuffler de la convivance . De la convivance , c’est quoi me direz- vous ? À la différence de la coexistence qui est le désir de vivre ensemble, la convivanc e est le désir et le plaisir que nous avons à vivre ensemble, les uns avec les autres, et non les uns à côté des autres. La convivance scolaire - osons l’expression - doit cultiver le désir et le plaisir d’étudier ensemble, et cela passe par des modes d’apprentissage plus coopératifs. » Relever les défis de la post-vérité et du vivant « Une nouvelle menace est apparue : la post-vérité. Mal sournois qui se plaît à mimer l’art de raisonner, qui subvertit les compétences cognitives et menace notre école dans sa tâche de transmission. Ce phénomène résulte, on le sait maintenant, de la conjonction de deux éléments : la tendance à surestimer nos compétence et une capacité sans précédent à échanger et à communiquer, avec l’arrivée d’internet. La post-vérité nous invite à travailler dans trois directions : • réfléchir aux contenus d’enseignement dispensés pour que les hommes puissent comprendre leurs rapports au monde et à eux- mêmes ; • revisiter l’art d’enseigner. Pas d’enseignement sans un apport sur les règles et protocoles épistémiques qui prévalent dans la discipline que l’on enseigne ; • Il faut aussi et enfin apprendre aux élèves à être attentifs aux processus mentaux qu’ils mettent en œuvre quand ils raisonnent et argumentent. Pas d’esprit critique sans travail métacognitif. » « S’il y a des réalités que l’on ne plus ignorer, ce sont bien les désastres climatiques et écologiques. Il n’appartient pas à la seule école de relever ce défi mais elle doit y prendre sa part. Et cela passe à mes yeux par la valorisation de deux enseignements : l’enseignement moral et civique et l’éducation artistique et culturelle. Ironie de l’histoire, quand les parents pauvres de l’école d’aujourd’hui deviennent les ambassadeurs de la révolution culturelle qui s’annonce. » 66

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