60 ans d'ambition pour l'avenir

Une école apprenante pour relever les défis du XXI e siècle François Taddei, biologiste et polytechnicien, directeur du Learning Planet Institute et titulaire de la chaire UNESCO « Sciences de l’apprendre » « Je pense que le défi de l’école est d’aider les jeunes à répondre aux défis : ils sont toujours plus nombreux et ils sont toujours plus entremêlés. Depuis l’époque des Lumières, on a cent fois plus de connaissances tous les cent ans. Notre relation au savoir ne peut donc plus être encyclopédique; ce qui compte, c’est peut-être d’avoir appris à apprendre et d’être capable de trouver le savoir dont on a besoin au moment où on a besoin. Il faut apprendre à apprendre ce qui suppose de comprendre à la fois les potentiels extraordinaires et les limites nombreuses de nos cerveaux mais aussi les potentiels et les limites des technologies ; c’est encore plus nécessaire à l’heure des fake news et à l’heure de l’intelligence artificielle. » « Un collectif apprenant, c’est un collectif qui est réflexif sur ses apprentissages. Comment peut organiser notre école pour que tous, jeunes et moins jeunes, soient invités à mieux apprendre individuellement mais aussi à apprendre les uns des autres collectivement ? Aucun d’entre nous n’a la solution à la complexité de tous les défis du monde mais chacun d’entre nous a des briques de solutions si on sait les mutualiser. Avec l’ensemble de ces briques, on peut construire des ponts vers l’avenir qui nous aident à progresser tous ensemble. Une école apprenante ou une société apprenante, ce sont des entités où ce genre de logique sont pensées de manière systématique et où on se donne des moyens aussi de faire ça. Ce n’est pas simple : le temps de la réflexivité et le temps de l’apprendre les uns des autres n’est pas forcément le temps de l’urgence et le temps de l’action immédiate. » « Cette capacité à apprendre les uns des autres est à mon avis essentielle et je pense que les cadres ont un rôle très particulier. Leur chance, c’est l’expérience... Leur rôle n’est pas tant d’imposer la norme que d’accompagner la transformation. Pour moi qui aime beaucoup Socrate, c’est fondamentalement une posture de maïeuticien. » « Pour penser le futur de l’Ecole, il faut déjà se demander quelles sont les finalités de l’école ? Je pense qu’on a besoin de se poser un ensemble de questions. Plus on comprend d’où on vient, mieux on analyse où on est, plus on peut se projeter vers un où on va qui donne envie d’y aller. » 67

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