La Marne dans la Grande Guerre : le catalogue - page 16

« … Ce sont des souvenirs
ineffaçables pour moi, je son-
gerai toute ma vie lorsque
nous rampions comme des
serpents le long du chemin des
marécages (entre Villevenard
et l’abbaye de Saint-Gond),
exposés aux feux de l’artillerie
française. Nous voilà enfin à l’abbaye,
donc votre maison, où se trouvait une embus-
cade en face de la maison… les Sénégalais
nous tiraillent (probablement des zouaves
de la division marocaine, car aucune unité
de tirailleurs sénégalais n’est recensée dans
ce secteur), nous tombons comme des mouches.
Les Allemands crient « Baïonnette au canon ! »
puis avancent rapidement. »
Le soldat Pacquant se réfugie dans la cave de
l’abbaye de Saint-Gond et retrouve ensuite son
unité à proximité de Oyes. Le lendemain au petit
jour, mercredi 9 septembre 1914, son unité reçoit
l’ordre de se diriger sur la hauteur de Mondement :
« … puis nous avançons sur la colline, à nos yeux
un village par derrière un bois, je vois encore cette
place (Montgivroux). Arrivés à 1 500 m du village
de Mondement, où je n’ai pas eu l’honneur d’aller
ainsi que la plupart des soldats allemands, car
j’ai été blessé là, je suis retourné de suite, il était
7 heures du matin et je me suis de nouveau réfugié
dans votre cave, j’y suis resté jusqu’à 4 heures
le mercredi, les troupes boches reculent.
Je me suis hasardé jusque
Villevenard où je suis resté
jusqu’au jeudi 10 septembre
et je me suis rendu. »
Léon Pacquant est dirigé dans
le camp de prisonniers de Saint-
Rambert-sur-Loire (regroupant
majoritairement des Alsaciens-
Lorrains). Il rejoint l’armée française
dans un groupe d’artillerie stationné en
Algérie. Après avoir suivi une formation
militaire à la prussienne, Léon Pacquant
apprécie le quotidien des troupiers français
stationnés hors d’Europe (pour des raisons
évidentes, les Alsaciens-Lorrains engagés aux côtés
de la France ne seront pas utilisés sur le front face
aux troupes allemandes, mais envoyés dans les
colonies) : « Le service n’est pas bien rude, surtout
nous autres (Alsaciens et Lorrains) qui avons
supporté la discipline de fer d’Outre-Rhin et
le service nous paraît un jeu d’enfant. ».
[Archives Augustin Roland]
La guerre de mouvement n’est pas finie pour autant.
Chacun tente de déborder l’autre par le Nord-Ouest.
C’est la « course vers la mer » qui se termine
en décembre 1914 avec la bataille des Flandres.
Dès lors, le front bougera peu. Cette première phase
de la guerre a été particulièrement meurtrière. Côté
français, plus de 300000 morts et 600000 blessés.
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la marne dans la grande guerre
Casque à pointe saxon.
© Collection privée
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